Les 24 heures du MANS
L'édition 1972 des 24H se caractérisait part la frilosité du favori, FERRARI qui préférait ne pas affronter le risque d'une débâcle alors qu'elle a régné en maître sur la saison et MATRA, qui a soigneusement et jalousement éviter toute confrontation préalable en focalisant sur les seules 24H avec une préparation minutieuse lors de multiples tests d'endurance en solitaire . Qu'elle est l'attitude la plus anti-sportive des deux ? J'ai encore en mémoire les propos d'Olivier GENDEBIEN à la veille de cette édition et pour lui ( et je partage cette opinion) assurément les deux. La seule équipe usine ( j'exclue à ce titre BONNIER ) méritante, étant assurément ALFA-ROMEO mais cela allait-il lui suffire ? La bravoure n'étant pas toujours récompensée.
FERRARI donc absente, incontestablement le rôle de favori échouait à MATRA, qui par le passé avait déjà réussi des coups d'éclats au pays des rillettes mais avec son moteur V12 3L, n'avait pu jusqu'alors envisager sérieusement la victoire. Cette fois-ci plus d'équivoque avec 4 prototypes engagés, les bleus assuraient ce rôle et Jean-Luc LAGARDERE tellement confiant invita même le Président POMPIDOU à venir assister à leur triomphe ( il se contentera de donner le départ...). BELTOISE-AMON/CEVERT-GANLEY et PESCAROLO-G.HILL sur les 3 nouvelles 670 et JABOUILLE-HOBBS sur la "grand-mère" 660 héroïne des 24H 1971, l'équipe MATRA avait effectivement fière allure.
En face ALFA-ROMEO alignait 3 33TT/3 pour, STOMMELEN-GALLI/ DE ADAMICH-VACCARELLA et Vic qui retrouvait Helmut MARKO. La seule adaptation visible pour cette course, consistait en un capot arrière profilé ce qui limitait les italiennes au vu de leurs déboires dans des courses beaucoup moins contraignantes, plus à un rôle de simple outsider que d'adversaire dangereux pour les couleurs françaises. BONNIER de son côté alignait deux T280 et comme les MIRAGE de WYER étaient absentes, cela faisait un plateau un peu étriqué. A signaler malgré tout une "veille" PORSCHE 908 LH coupé engagée par le SIFFERT RACING qui l'avait ressortie de son musée (?).
Comme prévu, les MATRA trustaient les premières place au terme de essais, les 3 670 devant la première ALFA de STOMMELEN à plus de 5 secondes du meilleur temps signé par CEVERT. Vic lui était encore plus loin derrière la LOLA de BONNIER et LARROUSSE.
Surprise désagréable pour MATRA qui à peine le premier tour achevé, perdait une unité avec la casse moteur de BELTOISE et autre surprise à contre courant des intérêts français, la LOLA de BONNIER en début de course tenait crânement tête au train bleu en bouclant la première heure en leader mais ça ne durera pas. Dès le début de la seconde heure et jusqu'au terme de la course on trouvera systématiquement une MATRA devant leurs adversaires à commencer par ALFA ROMEO bien incapable de rivaliser avec les bleues même si au gré des péripéties et ravitaillements la 33 TT/3 de STOMMELEN réussit très temporairement à s'immiscer entre les deux 670 survivantes, mais finira par abandonner en vue de l'arrivée. Autant le dire tout de suite l'ALFA de DE ADAMICH-VACCARELLA sera la seule à franchir la ligne d'arrivée mais sera devancée par la "vielle" PORSCHE 908 magnifiquement préparée et pilotée et devra se contenter de la 4ème place finale. Quant à Vic et Helmut, leurs 24 H fut un long chemin de croix ponctué par de multiples problèmes techniques allant de l'embrayage aux échappements ce qui fait qu'au mieux ils ne pointeront qu'à la 4ème place du classement général avant de disparaître à 4 heures du but, boite cassée. Bien entendu je n'omets pas de signaler l'acte d'héroïsme de Vic qui lui vaudra, non pas la légion d'honneur, comme indiqué à tort lors de mon introduction, mais l'ordre national du mérite remis par POMPIDOU lors du déjeuner à l'Elysée pour célébrer le doublé MATRA et qui fera la une de tous les médias. Je me contenterai à ce propos de rappeler que Vic n'hésita pas à stopper son ALFA pour porter secours à Florian VETSCH dont la DAYTONA était en feu suite à la collision avec la LOLA de BONNIER qui malheureusement fut tué sur le coup, alors que le pilote suisse s'était déjà extirpé de sa FERRARI.
L'ALFA-ROMEO 33TT/3 de Vic parée de son capot arrière "spécial LE MANS"

Et en version raccourcie non retenue pour la course comme sur la 3ème photo



Toute la beauté et le charme de l'endurance et son esprit d'équipe qui crée un lien indissociable entre les hommes pendant 24 H d'affilées
























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