Tenue de gala pour belles d'un jour

[Tonton Claude]

On avait ouvert un sujet "Artcars "  qui mentionnait   la belle BMX
Calder  

Merci Duser, effectivement, et il n'en reste pas grand chose, de ce sujet !
Nous allons faire en sorte, j'espère, que ce nouveau résiste mieux aux affronts du temps !!

[Tonton Claude]

Chapitre 1 : Les acteurs, suite


Hervé Poulain

Cet homme guidé par la passion est né le 16 décembre 1940, à Avranche dans la Manche. Il fait ses études de Droit à l'Université de Caen au début des années 60's, et se destine à devenir avocat.
En 1969, à l'occasion d'une vente organisée à l'Hôtel Drouot à Paris, il découvre sa vocation et va devenir commissaire-priseur. Son caractère passionné va lui permettre de s'imposer rapidement dans sa nouvelle profession et il va vite diriger les ventes aux enchères d’œuvres parmi les plus prestigieuses.

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Parallèlement, son amour pour l'automobile le conduit à commencer à piloter lors de divers rallyes et courses de côte sur une R8 Gordini, puis une R12 G, une Alpine, etc...

Ouest 74 ; Mr Poulain g.3d5778d62ae378b1279dac2deeb45675.jpg Rallye de l'Ouest 1974


Hervé-Poulain-Renault-R12-Gordini-1974-Rallye-d-Armor-Photo-Thierry-Le-Bras-.jpg Rallye d'Armor 1974


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Durant cette période, il se lie d'amitié avec un jeune homme, féru d'Art Contemporain lui aussi, qui s'est essayé au pilotage quelques années auparavant, mais a vite compris qu'il était plus efficace en tant que copilote : Jean Todt.

En 1973, Hervé Poulain organise les premières ventes aux enchères en France de véhicules de collection. Il est impressionné par la performance de Calder (la peinture de l'avion) et commence à s'interroger de la possibilité d’appliquer le concept à l'automobile.
Il rêve depuis son enfance de participer aux 24 Heures du Mans et l’idée lui vient alors de lier ses deux passions, en réunissant "deux mondes qui s’ignoraient".
Parallèlement à ma carrière naissante de commissaire priseur, j'avais commencé à courir en rallye et en course de côte en 1969. Je rêvais de participer à l'épreuve mythique des 24 Heures du Mans où, comme jadis à Olympie, le coeur de la jeunesse du monde battait. En 1975, pour conduire dans les conditions privilégiées d'un pilote d'usine, j'ai eu l'idée d'unir mon goût de l'art à celui de la vitesse en proposant à un constructeur de me confier un bolide, charge à moi de le faire peindre par un artiste parmi les plus éminents de notre temps, pour en faire une Art Car. *
Lors de l'édition 1975 des 24 Heures du Mans, Hervé Poulain va réussir à joindre ses deux passions, l'art et l'automobile, lors d'un même événement. A force de persévérance va naître la première "Art-Car". Peinte par Alexander "Sandy" Calder, elle va être le point de départ d'une tradition qui perdure encore aujourd'hui.

*Interview d'Hervé Poulain dans Les Echos en octobre 2017


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Demain : Le projet !

[Duser]

Merci Duser, effectivement, et il n'en reste pas grand chose, de ce sujet !
Nous allons faire en sorte, j'espère, que ce nouveau résiste mieux aux affronts du temps !!

Ce sujet ancien ( et qui a perdu son début) ne concernait pas seulement les 24 H du  Mans 
Il continuera à se compléter.   C'est le charme d'un forum

https://forums.motorlegend.com/forum/sport-auto-loisirs/forum-endurance-protos/17946-d%C3%A9co

[Tonton Claude]

Chapitre 2 : Le projet

Ce projet, véritable rencontre de l’art et de la compétition automobile, connaît donc ses premières esquisses en 1975 alors qu’Hervé Poulain rêve (depuis son enfance) de participer à l’épreuve mythique des 24 Heures du Mans.
Persuadé de l'intérêt de son idée, il va commencer à démarcher différents constructeurs : Il leur propose de lui confier une voiture, qu’il fera peindre par un artiste éminent de l’époque, dans le but d’en faire une Art Car.

En 1975, pour conduire dans les conditions privilégiées d'un pilote d'usine, j'ai eu l'idée d'unir mon goût de l'art à celui de la vitesse en proposant à un constructeur de me confier un bolide, charge à moi de le faire peindre par un artiste parmi les plus éminents de notre temps, pour en faire une Art Car. C'était un projet complètement novateur car l'art et l'industrie étaient deux mondes qui s'ignoraient et l'art n'avait vocation qu'à émouvoir les initiés. Or, «Le Mans» est une fête populaire, et je voulais démontrer que la création peut être appréciée par le plus grand nombre. *

L'idée, assez insolite il est vrai, avait surgi un peu plus tôt dans le cerveau du jeune Me Poulain qui l'avait proposée tout d'abord au service course d'un grand constructeur français. Après s'être attiré cette réponse : « C'est qui, Calder ? », l'entrevue avait été vite écourtée
Désabusé, il parle de ses difficultés à Jean Todt, qui a déjà ses entrées dans le monde de l'automobile. Todt, comme à son habitude, analyse vite la situation et lui parle de Jochen Neerpasch.

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Cet ancien pilote qui a couru cinq fois au Mans et gagné les 24 Heures de Daytona 1968, officie alors en tant que directeur de B.M.W. Motorsport. De plus, il est marié à une galeriste qui a su lui communiquer une vraie sensibilité artistique.

La demande ne parut saugrenue qu'un instant et la surprise de Neerpasch fût vite dépassée.
En dix minutes de recherche, les deux hommes tombent d'accord sur la voiture à utiliser : Ce sera la dernière évolution de la version course du coupé E9, plus connu sous le nom de 3.0 CSL.

L'ancien pilote allemand va toute de même poser certaines conditions : La voiture doit être vierge de tout sponsor, elle restera la propriété de B.M.W. et sera conservée dans son musée de Munich. En contrepartie, B.M.W. Motorsport s'engage à fournir la voiture et la logistique pour la course.

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L'auto est trouvée, il ne reste qu'à convaincre l'artiste.
Pour l'artiste, l'américain Alexander Calder était un choix d'évidence puisque, avec ses «mobiles», il avait inventé le mouvement dans la sculpture. Mon associé d'alors, Me Guy Loudmer, me servit d'imprésario de luxe. Et nous voilà en route pour Saché, en Touraine, où résidait régulièrement l'artiste.*

*Interview d'Hervé Poulain dans Les Echos en octobre 2017

Demain, ... la rencontre

[tipo 151]

Merci Tonton.
J'adore ce genre d'histoire.
A l'époque, Jean Todt a 29 ans. Sur la photo, il en fait 15.

[CMTARGA]

Merci Tonton.
J'adore ce genre d'histoire.
A l'époque, Jean Todt a 29 ans. Sur la photo, il en fait 15.

+10000 

[Tonton Claude]

Merci pour vos encouragements !!

[Tonton Claude]

Chapitre 3 : La rencontre

Il fallait donc encore convaincre Alexander Calder qui vivait entre New York et la Touraine, dans son repaire de Saché. C'est grâce à une connaissance commune, Bella Chagall, la petite fille du peintre, qu'Hervé Poulain va rencontrer Calder à l'occasion d'un repas en Touraine.

Armé d'un énorme jambon et d'une caisse de pomerol "Château la Conseillante" que "Sandy" Calder appréciait beaucoup, Hervé Poulain, accompagné de Me Loudmer et de son épouse, d'Ida et Bella Chagall, fille et petite-fille du peintre, rejoignit Saché.
Les Calder résidaient dans une immense grange en L où habitation et atelier coexistaient. Les yeux du collectionneur chaviraient devant les Miro, les Léger, les masques nègres.

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Le soir même, à l’issue du déjeuner bien arrosé et une meurtrière partie acharnée de billard qui transforma le tapis en champ de mine, alors que le commissaire priseur est impressionné par le nombre de tableaux et d’œuvres d'artistes contemporains qui tapissent les murs de la demeure de Saché, le sculpteur signe l'autorisation de peindre la voiture en fonction de ses directives. Il écrit sur une feuille blanche son engagement envers Neerpasch :

"It’s OK pour peindre la voiture de Poulain et ses poulains. Salut à toute la maison".

Une rencontre placée sous le signe...des grands vins bordelais !
Et c’est sur ces mots tracés sur le papier que voit le jour la toute première Art Car.

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Hervé Poulain retourne en Touraine lors des semaines suivantes, il procure à Calder un jouet, probablement une Burago au 1/24ème. Le pilote donne carte blanche au sculpteur et peintre. L’artiste, inventeur du mouvement dans la sculpture, était "l’homme de la situation ".
"D'abord sur un jouet, ensuite sur une maquette au 1/5e avant que ce projet ne soit reproduit sur la voiture de course par des peintres professionnels. « Je me souviens de son ébauche sur le jouet qui fut d'entrée le projet définitif, dit Hervé Poulain. Il étala la couleur en larges aplats, comme les faisceaux de comètes tricolores », car il n'utilisa que le bleu, le jaune et le rouge.
Un cameraman de TF1 qui m'accompagnait osa : «Pourquoi, monsieur Calder, toujours un bleu, un rouge et un jaune?». Il le fusilla du regard et lui répondit : «C'est tout ce que je sais faire.»*

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Comme pour l'ensemble de son œuvre depuis sa rencontre avec Mondrian, il ne va utiliser que des couleurs primaires, qu'il étale en larges aplats, "comme les faisceaux de comètes tricolores" selon le commissaire-priseur.

*Interview d'Hervé Poulain dans Les Echos en octobre 2017



De cette aventure, Maitre Poulain a conservé un objet, l'ébauche qu'avait réalisé Sandy Calder sur le jouet qu'il lui avait fourni. Il a eu la gentillesse de la présenter, avec d'autres, au court d'une exposition sur les "ArtCars" lors des 24 Heures du Mans 2016.

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Un grand merci à Vincent Laplaud, pour ses photos, d'une part, et ses écrits d'autre part, qui m'ont bien facilité le travail . On peut le retrouver là : http://passionetmans.com/?fbclid=IwA...rGeTfpaD6VotBw


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Demain, on passe de la maquette à la vraie BMW !

[can the can]

TONTON, tu vas poster plus de messages en trois mois que tu ne la fait depuis 2007 !

Encore une idée de bouquin qui aurait super bien marché. 

[Tonton Claude]

Chapitre 4 : Et le rêve devint réalité

La réalisation.
Des "peintres professionnels", dont malheureusement l'histoire n'a pas retenu tous les noms, vont ensuite se charger de retranscrire le projet de Calder sur la voiture de course.
Walter Maurer se souvient :
Le problème était d'appliquer de la peinture sur la voiture pour qu'elle dure dans le temps : "Je connais quelqu'un qui en est capable", déclara le designer BMW Wolfgang Seehaus.
Il en parla donc à Maurer qui obtint la maquette; dans son atelier à Hebertshausen, à une demi-heure de route au nord de Munich. Il transféra la décoration – sans jamais voir Calder – sur la vraie voiture. «C'étaient des coups de pinceau de pâtes de couleur. Vous ne pouvez pas faire cela avec de la peinture. J'ai donc poncé la surface pour que tout tienne, et sélectionné le bon matériau avec les consultants de "Glasurit". Ensuite, une fois l'œuvre peinte, elle fut recouverte d'une couche transparente élastique spéciale afin que la peinture ne devienne pas terne, mais ne se fissure pas non plus."

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W Maurer est à droite de M Poulain, avec une chemise à pois.


Une fois la mise en peinture achevée, la 3.0 CSL est amenée à Saché où Calder la découvre avec des yeux émerveillés

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C'est ce jour là que le sculpteur y applique sa célèbre signature sur l'extension d'aile arrière gauche.
La voiture fut présentée ensuite au Musée des arts décoratifs avant de rejoindre le Bugatti pour quelques essais avant les 24h du Mans.

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Et le rêve devint donc réalité : En 1973, Alexander Calder s’était offert le ciel, deux ans plus tard, Maitre Poulain lui offre les Hunaudières comme galerie d'art.
La Calder est intéressante à plus d'un titre, tout d'abord parce qu'elle fut la première de la série en 1975, puis parce que l'artiste américain, adepte des mobiles abandonnés ensuite à une impulsion manuelle, à l'humeur du vent, à la chaleur, au soleil, voyait son œuvre prendre vie avec un six-cylindres de 450 ch.


une image de la Calder en essai avant sa venue au Mans..bmw-calder.jpg

En essais avant les 24h.



Demain, ..... la course !!

[indy12]

La petite et la grande (image fondation Calder):

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[Tonton Claude]

Merci pour ce joli complément, indy12

[Tonton Claude]

Chapitre5 : La course

Trois semaines après les essais du mois de mai au Bugatti, la "Calder" est présente pour les 24 Heures du mans. Dans sa configuration 1975, la 3.0 CSL est un véritable monstre.
Engagée en Touring, ses voies ont été encore élargies et elle bénéficie d'une nouvelle monte pneumatique. Des radiateurs ont été placés dans ses ailes arrières pour le refroidissement de l'huile de sa boîte-pont. Selon les sources d'époque, le 6 cylindres en ligne de 3210 cm3 développe désormais 480 cv.

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La voiture bénéficie d'une telle vitesse de pointe, 291 km/h, et la plupart des prototypes peinent à la dépasser dans la ligne droite.
Côté pilote, le néophyte Hervé Poulain va pouvoir s'appuyer sur l'expérimenté Jean Guichet, ancien vainqueur et sur le rapide américain Sam Posey.
Maitre Poulain va réussir à se qualifier sans difficulté et Posey va réussir une superbe performance aux essais au volant de l’œuvre d'art motorisée : Il qualifiait brillamment la Calder en cinquième ligne (4'06'00, dixième temps), juste derrière les sports prototypes qu'elle dominait de sa masse sur la ligne de départ.
Sandy Calder est présent pour les 24 Heures et se dit fasciné par l'effet visuel de la vitesse sur sa création.

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Le jour de la course, avant le départ, Calder me prit entre ses pattes d'ours pour me dire son affection : «Hervé, gagne mais va doucement!» Comme le ramage mécanique était en adéquation avec le plumage artistique, le bolide devint le chouchou des spectateurs : la voiture occupa la 5e place au scratch et caracola un moment en tête de son groupe.*

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Mais après huit heures de course, elle devait abandonner sur rupture de l'arbre de transmission alors qu'elle occupait la cinquième place au général, faisant taire les sceptiques et effaçant d'un coup cette "trichromie brouillée" aux yeux des spectateurs par l'allure extrêmement rapide de la voiture L'abandon est officialisé durant l'heure suivante.

La "ArtCar" n'a pas vu le drapeau à damiers, mais qu'importe, le projet est une réussite.
Hervé Poulain a réussi son pari, allier le monde l'art et la course automobile, et il vient de participer à ses premières 24 Heures du Mans.
Le public a adoré la voiture, du coup B.M.W., par l’intermédiaire de Jochen Neespasch, envisage sérieusement de recommencer l'expérience. De plus la carrosserie de la 3.0 CSL est intacte et elle va intégrer directement la collection du musée de Munich, au sein de la collection 'BMW Art Cars'.

Alexander Sandy Calder va décéder d'une crise cardiaque lors d'un vernissage en novembre 1976, la 3.0 CSL est donc considérée comme une de ses dernières œuvres.
*Interview d'Hervé Poulain dans Les Echos en octobre 2017

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[Tonton Claude]

Suite des photos :

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Epilogue ..... demain !

[ferrari p4]

Bonsoir, Saché, petite commune d'Indre et Loire, bien connu pour A. Calder et accessoirement pour Balzac qui vivait dans le château de Saché. Balzac est né rue Nationale à Tours. Alexandre Calder construisait ses mobiles aux établissements Biémont à la Riche.Je referme la parenthèse.