LES PREMIERES LIGIER
INTRODUCTION
En voilà une idée de limiter une saga ainsi. L'histoire de Guy LIGIER et de l'ensemble des productions portant son nom, ne méritent-ils pas un récit complet et détaillé? Et bien je réponds NON ! Les F1 LIGIER vous en avez plein le web, les pseudos LIGIER produites par Monsieur NICOLET merci pour moi pas des LIGIER...et bien sure je ne parle pas des voiturettes....Bon vous avez compris, je vais vous narrer ( je vais essayer) l'histoire des LIGIER JS1-JS2-JS3 à la fois leur genèse, mais aussi et surtout leurs courses essentiellement en endurance et rallyes internationaux et ce, faute de docs sur leurs participations à des courses nationales lorsqu'elles furent engagées par leurs propriétaires ( mais si vous avez...).
Pour quoi ce thème ? Tout d'abord pour me permettre à moi ( j'ai le droit non? ) de me remémorer cette période du début des années 70 qui est celle de mon adolescence et de l'enracinement de ma passion. Comme on reste toujours ado, c'est dans l'extase que je m'y replonge bien volontiers. Je pense qu'ici on est beaucoup dans ce cas, faisant maintenant partie du club des vieux c..s. Et puis Guy LIGIER c'est un pays à moi ....tout au moins un peu. Une partie de ma famille est originaire comme lui de VICHY, ce qui m'a valu de régulièrement passer mes vacances dans la capitale du Bourbonnais rassurez-vous sans y prendre les eaux...je préfère les liquides plus aromatisés ......Mon grand-père a de ce fait connu le jeune LIGIER à l'époque où il était dans la boucherie comme commis et sans être une relation proche, il a conservé celle-ci, même si avec le temps elle s'est bien sure amenuisée. Malgré tout, cela m'a permis à plusieurs reprises de visiter les ateliers d'ABREST dans la banlieue vichyssoise, là où le LIGIER constructeur a commencé son aventure. Bien sure je garde un souvenir ému et impérissable de ces visites où j'ai eu également la chance de discuter avec Guy et comme je l'ai déjà indiqué par ailleurs, avec Claude LEGUEZEC, son directeur de course de l'époque, puis plus tard Gérard DUCAROUGE. Après tout est partie à MAGNY-COURS et mes relations LIGIER ont disparu .
Voilà donc pourquoi cette période de l'aventure LIGIER m'est sensible et puis, un petit travail mémoriel pour tous ne fera pas de mal et pour ceux, trop jeunes qui n'ont rien connu de tout ça, j'espère leur ouvrir les portes de la connaissance ( rien que ça na!)
Bien sure raconter les premières LIGIER, impose nécessairement de parler du bonhomme et ça tombe bien car en écrivant mon "carnet 1973", je suis retombé sur un article signé par l'excellent Johnny RIVES, publié dans le N° 144 de janvier 1974 de SPORT AUTO qui retraçait son histoire et dont je vais ici largement m'inspiré ( je ne cache rien de ma fainéantise naturelle).
Né en 1930, Guy est ce qu'on appelle un costaud. Râblé, épaules carrés, cou de taureau, déjà par son physique on se doute que le bonhomme n'a jamais fait dans la danse classique...Pas étonnant que l'aviron d'abord ( il est vrai que les bords de l'Allier ça aide) puis le rugby, l'ont attiré mais aussi façonné tant physiquement que moralement, car le Guy sur un terrain, c'est un teigneux. Dans cette dernière discipline il ira déjà haut puisque titulaire dans l'équipe de France B jusqu'à une sévère blessure qui lui impose d'envisager d'autres moyens de se défouler. La moto fut alors son refuge car à l'époque, donc à la fin des années 50, c'est encore du rugueux surtout quant on s'attaque à des "gros cubes". Mais Guy est doué et il décroche le titre national 500cm3 en 1960 au guidon d'une NORTON. Tout cela est bien beau mais ça ne nourrit pas son homme d'autant que ce joli passe temps coûte des sous. Guy se rend vite compte que ce n'est pas dans la boucherie qu'il risque de faire fortune, alors avec un copain vichyssois, ils achètent une pelle mécanique d'occasion et ça tombe bien Vichy est en plein travaux. Le thermalisme avec la décolonisation va mal et le nouveau Maire voit grand en voulant que sa ville devienne un pôle sportif avec un plan d'eau olympique sur l'Allier et un centre omnisports pour l'entraînement des sportifs de haut niveau, soit des chantiers colossaux. Juste ce qu'il fallait à notre duo et sa pelle mécanique et le moins que l'on puisse dire c'est que la malheureuse ne va pas chômer. Ce sera le début de l'entreprise de BTP LIGIER qui va aussi bénéficier du programme autoroutier français pour se développer et s'épanouir et permettre à Guy de continuer à assouvir sa passion de la vitesse mais cette fois sur 4 roues. Dès la fin 60, il achète une Formule Junior ELVA à moteur DKW qui est une calamité si bien qu'il arrête jusqu'en 1963 une fois que son entreprise de BTP est sur les rails. IL acquiert alors une PORSCHE qui va finir dans un ravin Corse. Pas grave il en faut plus pour le décourager, d'autant qu'avec sa bonhomie et son enthousiasme contagieux, il a vite fait de se faire des copains dans le milieu à commencer par Jo SCHLESSER. Ce sera le début d'une amitié forte et sincère jusqu'à la disparition tragique de ce dernier en 1968.
Commence alors la carrière de Guy LIGIER pilote, qui le mènera jusqu'à la F1. En 1964 les choses sérieuses débutent. Il achète une PORSCHE 904 qu'il étrenne aux essais préliminaires du MANS et qui va lui permettre de se faire rapidement un nom dans le milieu automobile en se distinguant dans les courses nationales ce qui lui vaut de participer à ses premières 24H aux côtés de Robert BUCHET et de finir 7ème. Il n'en faut pas plus à son copain SCHLESSER, pour convaincre les gens de FORD qui l'emploient, de les associer pour former un duo redoutable dans les courses d'endurance au sein de l'Ecurie FORD FRANCE. C'est ce qui va permettre à Guy de définitivement mettre le pied à l'étrier et se tailler ensemble un joli palmarès dont le point d'orgue sera leur victoire aux 12 Heures de REIMS 1967 sur une FORD MK2 . Pour autant Guy ne se désintéresse pas des autres disciplines tant rallyes ( victoire à LA BAULE 1964 avec une PORSCHE) que monoplace avec des F3 ou F2 engagées sous la bannière de FORD FRANCE. Mais Guy, malgré un palmarès encore assez maigre, vise tout de suite le sommet avec la F1 et s'achète une COOPER-MASERATI avec laquelle il débute au GP de MONACO 1966. Ce sera le début d'une série de cinq abandons successifs. Puis arrive le GP d'ALLEMAGNE au NURBURGRING ( le grand, le vrai). Pendant les essais sous la pluie sa COOPER quitte la piste, Guy est relevé avec de multiples fractures si bien qu'on veut l'amputer. Heureusement SCHLESSER est là qui veille et qui décide de le ramener en France où il sera soigné et sa jambe sauvée. Cela ne décourage pas notre bourbonnais ( pas auvergnat comme trop souvent confondu...) puisque dès le GP de BELGIQUE 1967, il est de nouveau au départ toujours avec une COOPER-MASERATI et pour la première fois, il voit la ligne d'arrivée avec la 10ème place. Dès le GP de Grande Bretagne il troque sa lourde COOPER pour une frêle BRABHAM-REPCO avec la quelle il finit à nouveau 10ème puis 8ème au RING, pourtant de mauvais souvenirs, ce qui constituera son meilleur résultat F1. L'arrêt brutal d'activité de l'écurie FORD FRANCE fin 1967, fait prendre conscience à Jo et Guy que rien ne vaut d'avoir sa propre équipe et mieux d'être son propre constructeur. Dans un premier temps, début 1968, ils créent avec José BERHA, l'équipe INTERSPORT qui va acheter deux McLAREN F2. Celle-ci va débuter à HOCKENHEIM le jour où Jim CLARK y perd la vie, Jo finissant 6ème Guy ayant abandonné. A THRUXTON c'est exactement l'inverse ( Guy 8ème, Jo AB) à PAU Guy est 5ème ( Jo AB). Jo en fait autant à CRYSTAL PALACE. Puis arrive le GP de FRANCE sur le circuit de ROUEN LES ESSARTS. Je ne vais pas m'attarder sur les circonstances de l'accident qui va coûter la vie à Jo et laisser Guy veuf ou orphelin de son meilleur ami. La perte sera cruelle pour LIGIER mais son amitié indéfectible fera qu'il poursuivra l'œuvre entamée avec SCHLESSER, construire leur propre voiture et pour bien se le remémorer, il n'hésitera pas à la baptiser elle comme ses successeuses: J.S.
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