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Lorenzo bandini

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    Les monoplaces recommencent à passer

    Il y a de nouveau du bruit sur la piste. La course vit ses derniers moments. Tout le monde a les yeux braqués sur Hulme et ses poursuivants. Le haut-parleur donne les ultimes temps de passage. Dans le stand Ferrari chacun regarde les bords du circuit, d’un côté et de l’autre, pour voir si Lorenzo arrive. « Mais pourquoi ne revient-il pas ? » interroge Marie-Annick en s’agitant. « Imaginez la confusion qui existe, avec tout ce monde, il préférera attendre la fin de la course pour rentrer », explique Margherita. « Il est capable de faire deux kilomètres à pied. Il va se plaindre de sa voiture abimée. Quand il sera là, je vais lui tirer les oreilles. »

    « Rectification : le pilote de la voiture numéro dix-huit est blessé et a été transporté à l’hôpital. » La voix qui sort du haut-parleur dégringole des tribunes. L’annonce est confuse, couverte par le rugissement d’une voiture qui passe dans la ligne droite. Les spectateurs sont debout à nouveau.

    Franco Lini croise une nouvelle fois le regard de Pignatti. C’est la confirmation de ce qu’ils craignaient. Il regarde Margherita un instant. Elle a l’air calme, un calme que seule trahit une lèvre serrée entre ses dents. Elle tient toujours le chronomètre dans sa main et continue à regarder ses aiguilles ; mais elle ne sait plus pourquoi. Francesco Ferrari et Giorgio Scarlatti parlent fort. Ils discutent. Ils demandent. Tout le monde parle, maintenant. Seuls Scarfiotti et la femme d’Amon restent silencieux et immobiles.
    Continuer sans forcer

    Lini sait quel est son rôle à cet instant : attirer l’attention de chacun sur la fin de course. Il n’y a rien d’autre à faire : le circuit est inaccessible, personne ne peut aller voir ce qui se passe. Toute panique, toute nervosité pourrait créer de nouveaux problèmes. Malgré cela, il est difficile de continuer à regarder son chronomètre, de comprendre ce que les aiguilles indiquent. Mais il doit le faire. Il ordonne à Pignatti de présenter un panneau à Amon : – Continuer sans forcer -. A présent la course est considérée comme terminée, il faut conserver les positions. Le panneau pour Amon est prêt. Mais sa voiture arrive lentement dans la voie des stands. De loin, Amon fait un signe de main : il indique un de ses pneus. Quatre mécaniciens se préparent très vite et glissent le cric sous la voiture. L’un d’eux donne des coups de maillet pour démonter la roue. En effet, il y a une entaille sur la bande de roulement du pneu d’Amon, peut être un débris de la voiture de Bandini. Un nouveau pneu. Encore des coups de marteau. Quelqu’un se penche en dehors du stand, demande des nouvelles de Bandini. Amon n’entend même pas. Il ne s’occupe que des mécaniciens qui finissent de remonter sa roue. On retire le cric. Un grondement. Un crissement de pneus. C’est déjà parti.


    « Sortez d’ici »

    Deux messieurs arrivent en courant dans le box Ferrari, il s’agit de Franco Villani, photographe, et de Lorenzo Pilogallo, journaliste milanais. Ils ont l’air bouleversé. Ils parlent mais leurs propos sont confus, incompréhensibles. Pilogallo porte ses mains devant les yeux comme pour effacer une image terrible ; Villani fait des gestes pour signifier son abattement. Tout le monde s’accroche à eux en les interrogeant. Franco Lini écarte brutalement deux ou trois personnes ; il prend Pilogallo par le bras et lui dit d’une voix brisée : «va-t’en, va-t’en, ne te montre pas à Margherita, sors d’ici, sors d’ici. » Et il les pousse hors du stand. Il n’a compris que quelques mots : « mort », « effrayant », « feu ». Alors, d’abord et avant tout, il est nécessaire de protéger Margherita. « Sortez d’ici », répète-t-il aux deux journalistes.

    En se retournant, il croise les yeux de Margherita. Froids, terribles, immenses. Sur son visage blanc, ces deux yeux sont comme une barrière infranchissable. Elle a sans doute compris. Elle a vu ce qui se passait autour d’elle. Plus personne n’a le courage de rester à ses côtés. Tout le monde parle à voix basse, et la regarde en cachette. Lini s’approche d’elle, lui prend le bras, lui sourit. « Allez, encore, deux tours et la course est finie. Six ou sept minutes. Pour l’instant, nous ne pouvons rien faire, la piste est inaccessible. Reste calme. »

    Derrière la tribune, la fumée noire continue de grimper dans le ciel. C’est un gros champignon effiloché. Presque immobile.


    Addio Bandini, Franco Lini et Luigi Costantini (l’Editrice dell’ Automobile, 1967)
    (traduction de Jean-Paul Orjebin)

    A suivre...

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    • Puisque PROSTO ne nous en met pas plus, celle-ci de Lorenzo en essais sur la première DINO  probablement avant sa victoire à VALLELUNGA  en 1965 (source AUTODIVA...)

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      • Superbe photo !

        Voici la suite des articles de Classic Course. Les personnages cités ci-dessus !

        Margherita Bandini.

        L’épouse de Lorenzo. Ils se sont connus au garage du père de Margherita où il travaillait comme apprenti mécanicien. Avec l’accord bienveillant de son patron, après sa journée de travail, il préparait les voitures avec lesquelles il fera ses premières courses de côte.

        Il est intéressant de noter que dans les quelques interviews que Margherita a donnés, le déroulement du moment décrit dans la préface est légèrement différent. Margherita dit : « j’ai vu un champignon de fumée, alors j’ai crié : « C’est Lorenzo, C’est Lorenzo ». Le ciel m’est tombé sur la tête. Jim Clark est passé pour me rassurer et m’a dit : « Lorenzo OK ». »
        Pour compléter ces moments dramatiques, nous pouvons ajouter la suite de l’interview. A l’hôpital, c’est Alessandro Onassis qui m’a été d’un grand soutien, lui et Forghieri.
        Après 7 ou 8 heures, le professeur Chatelet est venu me dire que Lorenzo était brulé à 90%. J’ai pensé en moi-même : Bon, c’est moins grave que je le craignais. Alors le professeur a ajouté : « Madame, en tant que médecin je fais tout ce que je peux, mais en tant qu’homme, j’espère qu’il ne survivra pas. » Il mourra trois jours plus tard le 10 mai.

        Margherita poursuit : A 28 ans, je me suis écroulée. J’ai dépensé une grande partie des 10 millions de l’assurance pour sa pierre tombale et me suis un peu abandonnée. Trois ans plus tard, en me regardant dans la glace, je me suis trouvée horrible. Alors j’ai décidé de revenir à la vie. Je suis allée chez le chirurgien esthétique qui m’a refait le nez. Je me suis teint les cheveux en blond et j’ai perdu 10 kg. Une autre vie démarrait, un deuxième mari, un fils, une famille…

        Lors des échanges que nous avons eus avec Margherita Bandini pendant la préparation de cette note, celle-ci n’a pas pu dissimuler son aversion pour Franco Lini. Incidemment, elle nous a permis d’apprendre des nouveaux mots en italien ; des mots que, par euphémisme, nous qualifierions d’oiseaux. Pour faire bref, elle considère que Franco Lini parlait beaucoup mais pas toujours vrai.


         

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        • Franco Lini (1924 – 1996).

          Né à Mantoue, il est allé à l’école avec le fils de Tazio Nuvolari. Il s’intéresse davantage aux sports mécaniques qu’à l’affaire familiale de machines-outils. Après un accident de moto, il se consacre exclusivement au métier de journaliste et couvre pour un journal milanais les courses automobiles. Il sera l’un des premiers à suivre toutes les courses de F1 à travers le monde. Fin 1966, Enzo Ferrari le contacte pour remplacer Eugenio Dragoni. Ce dernier s’était mis toute la presse à dos et en privilégiant systématiquement Bandini par rapport à Surtees, créant une ambiance détestable à la Scuderia. Lini, homme de presse, diplomate, malin, rusé, ferait l’affaire. Il sera auréolé de gloire pour avoir été le Directeur sportif de la Ferrari en février 1967 lorsque la Scuderia fit 1er, 2ème et 3ème aux 24 heures de Daytona. Parmi diverses recommandations faites au Commendatore, il y aura celle d’embaucher Chris Amon. On pourrait imaginer qu’après le départ de Surtees, voir arriver Amon n’était pas pour faire plaisir à Lorenzo. Serait-ce une explication à la forte inimitié que nous avons sentie de la part de Margherita ?

          Epuisé par la fonction, Lini, à la fin de son contrat de deux ans, est retourné à son métier de journaliste. Il travaillera notamment pour Autosprint et L’Equipe. Nous le rencontrerons souvent au bord des circuits, toujours aimable avec la bande de « journalistes » très, très amateurs que nous étions, nous gratifiant de son amitié en nous aidant même souvent à franchir le difficile barrage de la Salle de Presse. Gros fumeur, il succombera à un cancer des poumons à l’âge de 72 ans.
           

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          • J'avais l'impression que Franco Lini avait quitté ses fonctions de Directeur Sportif de la Scuderia dès la fin 67. Était-il toujours en poste en 68 ?
            Sur les photos de 67, au Mans, à Brands Hatch par exemple, il a toujours l'air très effacé par rapport à Mauro Forghierri qui semble être non seulement le Directeur Technique, mais le Patron tout court de la Scuderia sur le terrain.
             

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            • Bonjour, pour moi aussi, Franco Lini a été directeur sportif qu'en 1967. Quand au "moulin à bras" monsieur Forghieri, c'est d'être toujours très expressif qu'il donnait l'impression d'être le patron.  ceci. Et n'enlève rien à son génie mécanique. 

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              • Marie-Annick.

                Longtemps, elle fut pour nous un mystère. Qui était cette Marie-Annick ? A tel point que nous nous demandions si elle n’était pas un personnage inventé pour l’occasion, pour donner une certaine substance au texte, tout en étant tout à fait vraisemblable. Forghieri, que nous avons contacté et qui nous a aidés à comprendre qui étaient les personnages secondaires présents dans le stand, ne se souvient pas d’elle ; Margherita non plus.

                Brenda Vernor, la secrétaire du Service Course, présente à Monaco mais pas dans le stand, nous a parlé avec grande émotion de Lorenzo, son voisin de palier à Maranello qu’elle considérait comme un petit frère. Elle garde très précisément dans sa mémoire les moments joyeux passés avec Lorenzo, ainsi que le verre de jus d’orange qu’il venait chercher chez elle, chaque matin. Mais de Marie-Annick, rien, aucun souvenir.

                Mais, à force de recherches, nous avons finalement découvert qui est Marie-Annick. Elle était une amie de Michèle Dubosc qui lui avait appris l’art du chronométrage. Ce matin du dimanche 7 mai, Franco Lini, un peu à l’arrache, demande à Marie-Annick Dufournier de bien vouloir l’aider à prendre les temps et à assurer le tour par tour du stand Ferrari ; ce qu’elle accepte avec plaisir.

                Jointe au téléphone, elle se souvient de ce moment dramatique et principalement s’être discrètement éclipsée du stand à la fin de la course. Elle avait senti, pendant les longues et lourdes minutes d’incertitude qui suivirent l’accident, une animosité certaine de la part de Margherita à son égard. En grand stress, l’épouse de Lorenzo s’adressa brutalement à Franco Lini en désignant la jeune chronométreuse : « qui c’est celle-là, que fait elle là ? ». Réaction que Marie Annick essaie d’analyser après 50 ans : sans doute que l’émotion immense et soudaine avait exacerbé une jalousie latente et maladive.

                Marie Annick épousera plus tard le regretté José Dolhem avec qui elle aura deux enfants, Axel et Thibault. Elle vit sereinement dans l’ouest parisien, entourée de ses enfants et petits-enfants, et elle a le plaisir de croiser parfois chez le boulanger de Montfort l’Amaury ses vieux copains Laffite et Jabouille.
                 

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                • Francesco Ferrari.

                  Un client fidèle de la Ferrari courant en amateur avec une GTO.

                  Giorgio Scarlatti (1921-1990).

                  Pilote italien privé. Il a participé à une douzaine de Grand Prix dont la moitié comptant pour le Championnat du Monde de 1956 à 1961, pour diverses écuries et sur diverses montures (Ferrari, Cooper, Maserati, De Tomaso). Son moment de gloire est arrivé quand il remporta les 4 heures de Pescara 1961 sur une Ferrari 250 Testa Rossa. Son compagnon de victoire était le jeune Lorenzo Bandini.

                  Dino Pignatti.

                  Mécanicien, panneauteur mais surtout connu pour avoir été le meilleur conducteur du camion transporteur. Forghieri en garde un souvenir ému et fait encore l’éloge de ses nombreuses qualités, en particulier celle d’être toujours parfaitement à l’heure avec son camion.

                   Franco Villani.

                  Célèbre photographe bolognais présent sur tous les Grand Prix et les courses du Championnat du monde des Constructeurs. Il a beaucoup fréquenté Maranello, et il est sans doute celui qui a pris le plus de photo de l’usine, des mécaniciens, des ouvriers, des ingénieurs. Mais il a pris aussi beaucoup de photos du Patron, souvent dans sa vie quotidienne. Il ne négligeait pas pour autant les voitures de production et il était de tous les salons automobiles comme Paris, Francfort, Genève et bien sûr Turin.

                  Lorenzo Pilogallo (1933-2014).

                  Journaliste, spécialiste de la rubrique auto du prestigieux quotidien milanais Il Corriere Della Sera dont il est devenu rédacteur en chef, puis directeur-adjoint de la Gazetta dello Sport. Il décèlera le premier le talent de Giancarlo Baghetti et le présentera à la Scuderia. Ses articles étaient très appréciés à Maranello. Si ce n’était sa discrétion légendaire, il aurait pu se vanter de faire partie des rarissimes personnes à tutoyer le Commandatore.

                   

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                  • Et pour finir !

                    Etat de bandini le 8 mai au soir par François Janin dans le monde.

                    L'état de santé du pilote italien Lorenzo Bandini, victime d'un accident dimanche au cours du Grand Prix automobile de Monaco, était considéré lundi soir comme stationnaire. Lorenzo Bandini était dans un état léthargique. Au cours de la soirée le pilote avait repris connaissance et avait réagi en clignant des yeux aux propos que les médecins et ses proches lui tenaient.

                    Une enquête sur les mesures prises après l'accident a été ouverte. Les témoignages relatifs à la célérité des secours sont contradictoires. Selon MM. Michel de Bourbon-Parme, Gian-carlo Baghetti et Pierre Frotier, les pompiers en poste à la chicane ont tardé à intervenir et déposé les extincteurs qu'ils détenaient sans attaquer le feu comme il paraissait urgent de le faire. Les pompiers se seraient ensuite attaqués aux blocs de paille enflammés alors que Lorenzo Bandini était encore emprisonné sous sa voiture qui flambait.

                    L'Automobile-Club de Monaco réfute ces témoignages et s'en indigne. Dans un communiqué l'A.-C. de Monaco précise que les services de sécurité ont réagi avec la promptitude nécessaire et les moyens voulus. S'il est exact qu'un pompier est parti en courant, c'est qu'il allait chercher un extincteur plus puissant muni d'une lance. Le capitaine Delaye, commandant le corps des sapeurs-pompiers de Monaco, précise " que c'est sans doute par une fausse interprétation de ce départ momentané du sapeur-pompier que des témoins ont pu dire qu'il prenait la fuite "...

                    " Les membres du comité d'organisation, précise un communiqué qu'ils ont publié, et tous eux qui leur apportent une collaboration précieuse autant que bénévole, répondront le cas échéant aux questions qui leur seront posées dans le cadre de l'enquête qui vient d'être prescrite, et souhaitent que ceux qui n'ont pas craint de porter de graves accusations à l'égard du service de sécurité se soumettent aux mêmes procédures. "

                    Lorenzo à la chicane au second tour !



                    Fin

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                    • Cette photo sympa de Lorenzo sur fesse de bouc légendée "repos à la TARGA FLORIO 1965"

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                      • Dans Automundo la sortie aux essais à Monaco 67

                        Avant c'était mieux

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                        • Trouvée sur FACEBOOK cette photo de Lorenzo avec Franco LINI vraisemblablement à MONACO 1967 ( vu le casque de Lorenzo) .Essais ou avant le départ ? 

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                          • Ils sont à Daytona :

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                              • Arrivé victorieuse GP d'Autriche 1964 Zeltweg :

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