Les protos en courses de côtes

[Thierry Gil]

Jusqu'au début des années 70 le Championnat d'Europe de la Montagne était réservé au sport protoypes et GT.
On a ainsi vu de bien belles voitures sur les pentes des montagnes : Porsche, Ferrari, Abarth, BMW, Elva,
Borgward, Lotus, Cooper....etc.

Je vous propose d'évoquer cette riche période, en commençant par une des voitures les plus célèbres,
malgré seulement deux courtes sorties : la Porsche 909.


(photo "L'automobile")

Les différentes évolutions de la 910 Bergspyder, et surtout la course au poids entamée de longue date par
les ingénieurs Porsche ont rendu la conduite des barquettes allemandes de plus en plus délicate. Pour tenter
d’y remédier la marque de Stuttgart étudie en 1968 une voiture à l’architecture toute nouvelle.

La 909 se caractérise en effet par la forme avancée de son poste de pilotage, le volant de direction
se trouvant presque à l’aplomb des roues avant.

[Emerson]

Re : Les protos en courses de côtes

il faut dire aussi qu'en CC on a vu beaucoup de formules 3, 2 voire F1 évoluées en "formules libres"




la "Lotus" de Jacques Petijean en Belgique c'est en fait une barquette revetue d'une peau de Lotus Europe - pour la petite histoire, cette "peau" a longtemps servi d'enseigne sur le toit de la carrosserie de Jacques


la première BBM CC du "pin" en 73


trouvé par hasard une barquette Honda S800 quelqu'un a des infos ?

[Thierry Gil]

Re : Les protos en courses de côtes


(G. Mitter en essais au Gaisberg 1969, photo X)

C’est toujours le bloc 8 cylindres à injection type 771 qui motorise l’ensemble.
La puissance annoncée par l’Usine à l’époque est de 275 ch. Il est placé très
en avant de la voiture, et la boite de vitesses vient se placer entre le moteur
et le différentiel, devant l’essieu arrière. L’empattement est fortement réduit
par rapport à la 910 et le pilote est ainsi installé pratiquement au dessus des
roues avant.

Le châssis est toujours multitubulaire construit en aluminium avec le même souci
d’allègement que les modèles précédents, ne pesant au total que 430 kg.
Dans son réservoir, l’essence est constamment mise sous pression dans une poche
d’azote.


(Stommelen en course au Gaisberg, photo X)

Construite à seulement deux exemplaires, la 909 devait débuter officiellement
lors de la course de côte de Sierre Crans Montana le 25 août 1968. Mais le forfait
ce jour là de l’équipe rivale BMW, ajouté à des légers incidents survenus lors
d’essais à Hockenheim, firent que Von Hanstein préféra en différer la sortie.

C’est finalement au Gaisberg que la voiture fait sa première apparition en course.
Rolf Stommelen pouvait difficilement espérer mieux qu’une troisième place au volant
d’une machine toute nouvelle. Lors de l’épreuve du Mont Ventoux l’allemand parvient
à décrocher la seconde place derrière son leader Gerhard Mitter au volant du Bergspider 910.

La voiture vient de faire ses deux seules sorties officielles, car la firme allemande
décide en fin d’année de mettre un terme à son engagement en courses de côte
pour se consacrer uniquement au programme Le Mans et accessoirement au
Championnat du Monde des Marques.

[mosleylucky]

Re : Les protos en courses de côtes

bonjour ! idee geniale, les caisses etant souvent uniques...

tiens, je cherche une alpine A440 mecanique Ford surement, avec laquelle a couru un denomme "Barbier" apres avoir rachetee les alpine de Larrousse-Archambeaud fin 74... ou apres 76 ?... etc... puis Jung en racheta une (4400), Theuil l'autre (4401)... MERCI ! LM.

[Thierry Gil]

Re : Les protos en courses de côtes

Ah oui la A440 de Barbier !
nous nous sommes déjà ensemble posé des questions à son sujet cher ML...malgré mes recherches je n'ai encore rien trouvé à ce jour, mais je ne désespère pas.

[Emerson]

Re : Les protos en courses de côtes

celle de Jung

[Thierry Gil]

Re : Les protos en courses de côtes



Encore la 909, cette fois en fin de saison 1968 sur le circuit d'Hockenheim, lors d'une démonstration à la Presse
des différents modèles de l'Usine Porsche.

On retiendra que la future 908-3 destinée aux courses du type Targa Florio reprendra le concept 909,
dernier legs des spyders Montagne à leurs cousines des circuits.

[Thierry Gil]

Re : Les protos en courses de côtes

Un grand champion dans une bien belle petite championne :



En 1961, Hans Stück (père bien sur) au volant du spyder BMW 700 RS .
A 60 ans bien sonnés le célèbre pilote allemand remporte le championnat
d'Europe dans sa catégorie.

[Thierry Gil]

Re : Les protos en courses de côtes

Abarth 2000 OT 1965


(photo X, trouvé sur le Net)

Le 5 avril 1965 sur la piste de Monza Carlo Abarth présente une barquette de sport destinée aux courses de côtes.
Son soubassement dérive étroitement de la berline Fiat 850, ainsi qu’une grande partie de ses éléments mécaniques,
le moteur mis à part.

En fait cette 1600 Sport constitue une évolution du coupé 1600 OT présenté au dernier Salon de Turin.

Lors de la présentation de Monza la voiture est équipée du moteur 1600, mais une grande partie des essais
ont été effectués avec le moteur 2 litres 2 ACT, dans le but de tester la solidité du châssis, mais aussi d’évaluer
les possibilités de rivaliser avec les barquettes Porsche.

Ce moteur 1600 4 cylindres en ligne est toujours placé en porte à faux arrière. Un double allumage, 2 arbres
à cames en tête et une alimentation assurée par 2 carburateurs Weber double corps permettent de développer
une puissance de 172 chevaux DIN.




Le châssis d’origine a été bien sur été renforcé et intégré à un cadre d’une grande rigidité où viennent se fixer
les encrages de suspensions, et le bloc moteur.

Confiée à Hans Hermann et Léo Cella, la barquette 1600 fait une entrée remarquée lors de la Targa Florio 1965.
Elle joue les troubles fête tout au long de la course parmi les Porsche, Ferrari et Alfa Roméo, pour terminer à la
sixième place, derrière la Porsche 904 de Klass – Pucci, mais devant l’Alfa Roméo GTZ de Bianchi – Rolland et la
Ferrai LM de Teramazzo - Sigala.

La voiture reçoit le moteur 2 litres aux 1000 km du Nürburgring. Malheureusement, dominés dans leur catégorie
par les Porsche aux essais, Hermann et son compère Kurt Ahrens doivent abandonner au 17ème tour trahi par le moteur.



Le 2 litres (photo) est encore installé dans la voiture engagée pour l’ouverture du Championnat d’Europe de la Montagne,
au Mont Ventoux. En 11’16,5 Hans Hermann bat non seulement son ex équipier de chez Porsche Gerhard Mitter, mais
également le record de l’épreuve.

Par la suite la voiture est surtout vue en côtes. Si elle peut rivaliser avec les Porsche, elle est dominée comme elles
par la Ferrari de Ludovico Scarfiotti qui empoche le Championnat.

[Thierry Gil]

Re : Les protos en courses de côtes



1965 : Carlo Abarth trône au milieu de sa production (je ne sais pas si les pommes en faisait partie),
avec la 2000 OTà droite.
.

[Thierry Gil]

Re : Les protos en courses de côtes

Un sujet sur les Alpine A440/A441 est superbement animé par nos amis du FA.

Un châssis A441 a recolté de nombreux succès en côtes :


(photo tiré du FA, merci ML)

En 1976 Jimmy Mieusset a piloté en courses de côtes, une Alpine A441 (le châssis n°0 ex-Serpaggi) aux couleurs
de la société Norev. Il gagne à chaque fois le groupe 6, faisant parfois une double monte avec sa formule 2:

04 avril : Ampus, 2ème et 1er en groupe 6. Il bat l’Osella de Nesti dans cette première manche du Championnat d’Europe.
25 avril : Col St Pierre, même classements.
09/04/76: Dobratsch (championnat d'Europe) 2ème et 2ème en groupe 6 derrière l'Osella de Nesti, futur Lauréat 76.


(Ste Beaume, photo Brainnut)

16 mai : Sainte Beaume, 1er au classement général
23 mai 76 : Montseny (championnat d'Europe), sortie de route à moins de 2km de l'arrivée. la voiture est bien abimée.
le français, largué par Nesti au championnat, décide alors de se consacrer au championnat national.
20 juin : Ventoux, 3ème et 1er en groupe 6 . Egalement 1er au général avec sa MARCH 762.
04 juillet : Eymoutiers, 3ème et 1er en groupe 6 .


(Pouilles, photo Catherine Loury)

11 juillet : Pouilles, 3ème et 1er en groupe 6 .
Le 08 août au Mont Dore l'Alpine est louée à Jean Louis Bos. N'ayant essayé la voiture que 6 tours à Magny Cours,
il termine 9ème et 5ème du groupe 6.
Septembre : Mont Verdun, Mieusset 10ème et 2ème en groupe 6.
19 septembre : col Bayard, Mieusset 3ème et 1er en groupe 6 .
26 septembre : col de Vence , cette fois c'est Marc Pozet qui utilise l'A441; il se classe 10ème et 2ème du groupe 6.
(il me manque peut être quelques résultats)

Mieusset termine 2ème du championnat de France derrière Michel Pignard.

La voiture devient ensuite la propriété de Jean Ortelli qui l’engage également en montagne.

[Laurent du 78]

Re : Les protos en courses de côtes

Merci M630, je découvre pas mal de choses avec ce sujet.
Une A441 en course de cote... je dédcouvre

[Thierry Gil]

Re : Les protos en courses de côtes

Ferrari compte trois titres en Championnat d'Europe de la Montagne : 1962, 1965 et 1969.

Voici une synthèse de l'histoire de ces trois victoires, effectuée sous le contrôle des nombreux spécialistes
de la marque qui fréquentent ce forum. N'hésitez pas à corriger mes âneries ou à compléter si besoin.

FERRARI 196 SP 1962


(photo "L'Année Automobile")

Le 24 février 1962 Enzo Ferrari présenté à la presse internationale rien de moins que 6 nouveaux modèles.
A coté de la formule 1 type 156 et de la GTO figurent en effet quatre versions de la sport prototype 1962,
évolutions de la 246 de l’année passée.

Les types 286 SP, 246 SP, 248 SP et 196 SP différent uniquement par leur motorisation. Le châssis tipo 561,
œuvre de l’ingénieur Carlo Chitti, est inchangé par rapport à son aînée. Il s’agit donc toujours d’une structure
tubulaire triangulée, directement dérivée de la monoplace 246 F1 de 1960. Le moteur est placé en position
centrale arrière dans un berceau de tubes. Sur ce même berceau sont fixés les quadrilatères de suspensions arrière.

La Commission Internationale ayant réduit la notion de hauteur minimale du pare-brise, cet élément ainsi le
capot arrière sont maintenant beaucoup plus bas. Sinon on retrouve les grandes lignes de la 246 SP,
tracées par Chitti, avec une ouverture supplémentaire maintenant définitive au dessus des entrées d’air de radiateurs.


(présentation Presse : photo Usine, livre d'Antoine PRUNET "Sport et Prototypes " éditions EPA)


Concernant les moteurs, à côte du nouveau 8 cylindres 248 SP, et des 6 cylindres 246 et 286 SP on trouve
un deux litres 196 SP, étroitement dérivé (comme le 286) des Dino 196 S et 246 S de 1960, à la différence
du système de lubrification effectué maintenant par carter sec. A la différences des moteurs 1962 il ne bénéficie
donc qu’un seul arbre à cames en tête par banc de cylindres, et d’un simple allumage.



(copyright ?)

La 196 SP fait de brillants débuts à la Targa Florio aux mains de Lorenzo Bandini et Giancarlo Baghetti, terminant
deuxième derrière la 246 SP de Willy Mairesse, Ricardo Rodriguez et Olivier Gendebien.

Quinze jours plus tard aux 1000 km du Nürburgring la deux litres conserve son tandem italien, mais sera victime
d’une fuite d’huile qui la contraint à un arrêt définitif à son stand (photo ci-dessus).

En milieu d’année Ferrari va confier cette voiture à la Scudéria Sant’Ambroes qui sous couvert d’engagement privé
va représenter officiellement la SEFAC dans le Championnat d’Europe de la Montagne. La présence d’Eugenio Dragoni
en tant que directeur de courses et de Ludovico Scarfiotti ne laissant aucun doute à ce sujet.

Après avoir participé à la première course de la Faucille, Carlo Abarth retire ses voitures qui souffrent en tenue de route,
laissant ainsi seuls Porsche et Ferrari en découdre.

A suivre....

[Haine Kane]

Re : Les protos en courses de côtes

Toujours de très beaux textes accompagnés de bonnes photos.

Ce sujet est excellent et j'ajouterai que la photo (présentation Presse : Copyright ?) est l'oeuvre de l'usine.
Cf : livre d'Antoine PRUNET "Sport et Prototypes " chez EPA

[Invité]

Re : Les protos en courses de côtes

oui, et la page de M630 doit être déchirer. . .
mais à la page 284, c'est à l'intérieur,
ça laisse présagé un livre en très mauvais état