le FIGARO, 02 Aout 2006.
BMW veut faire de Mini une marque à part entière
De notre envoyé spécial à Zandvoort (Pays-Bas) Jacques Chevalier.
Publié le 02 août 2006
Réinventée par BMW, la célèbre voiture anglaise n'a rien renié de ses gènes. Reste à décliner la Mini avec cette fois un éventail complet de modèles.
NOUVELLE, pas nouvelle ? Le pas de deux qu'entame BMW autour de sa dernière-née sous la marque Mini, qui sera l'une des vedettes du Mondial de Paris le 30 septembre, témoigne au minimum d'une prudence de Sioux, au pire d'un malaise lié à l'image même que le constructeur souabe veut donner à la légendaire marque anglaise.
Cinq ans après le remake magistralement réussi d'une voiture qui, durant les quarante ans précédents, n'avait guère changé, BMW mesure la chance qu'il a d'avoir touché aussi juste. « L'hypothèse la plus pessimiste envisageait 100 000 voitures produites en six ans et demi et nous en avons finalement fait 800 000 en seulement cinq ans », reconnaît-on chez BMW. Une véritable aubaine pour l'usine anglaise d'Oxford dans un pays où les désillusions en matière de construction automobile ne manquent pas.
Malgré un succès au zénith et des délais de livraisons qui ne se réduisent pas, la Mini change déjà sans pourtant marquer de rupture avec le précédent modèle. « Nous sommes dans une logique similaire à celle de Porsche avec la 911, dit le chef du projet Mini. Il s'agit d'évoluer sans rien révolutionner. »Les clients ne l'admettraient pas en effet et les voitures que nous avons conduites en avant-première, (la nouvelle Mini sera commercialisée le 18 novembre à des prix en hausse de 3 à 5 %) témoignent de cette fidélité.
Une fidélité qui fait néanmoins hésiter BMW, tenté de multiplier les modèles pour créer une vraie gamme sous le label Mini. Et de jouer ainsi une vraie complémentarité avec la gamme plus volumineuse mais tout aussi huppée de BMW. Jusque-là, la seule audace a consisté à sortir un cabriolet il y a deux ans, une relative jeunesse qui le maintiendra sous cette forme au catalogue au moins deux ans encore.
La nouvelle Mini, à peine agrandie au nom de la sécurité et de l'accueil de nouveaux moteurs (voir ci-dessous) sous son capot, aura un jour sa version découverte. Mais le nouveau président du directoire de BMW, Norbert Reithofer, actuellement patron de la production et qui remplacera le 1er septembre Helmut Panke, atteint par la limite d'âge, devrait se montrer plus entreprenant.
Le monospace existe déjà à l'état de prototype
S'il n'est pas question, pour des raisons évidentes de sécurité, de relancer une Mini Moke, le break Countryman a toutes les chances de voir le jour, y compris en version « bois ». Le crime de lèse-majesté pourrait être commis ensuite, avec une version quatre portes de ce break qui ne l'a jamais eue par le passé, voire même d'un SUV tout chemin ou d'une Mini monospace qui existe déjà à l'état de prototype, mais que BMW n'a pas osé lancer. « Porsche est encore un exemple de la façon dont il faut sortir de la monoculture d'un modèle. » Mais voilà, ces évolutions ne doivent surtout pas entamer la cote d'amour de la Mini qui justifie ainsi ses prix très élevés.
L'exemple malheureux de Mercedes avec Smart a en effet douché quelques enthousiasmes à Munich. Impossible en effet pour le constructeur étoilé d'étayer une gamme autour de la Smart Fortwo. Les coupé et roadster, très réussis pourtant, n'ont pas trouvé le public espéré et le pire a été atteint avec la Forfor et la cessation de la production d'une berline jugée pas assez sérieuse par les acheteurs. L'accord calamiteux avec Mitsubishi a achevé ce modèle qui démontre, s'il en était besoin, que rien n'est jamais acquis dans le monde de la Mini.
BMW avance donc méthodiquement mais sûrement en cultivant pour Mini une exclusivité assez extravagante : le standing de ses tarifs. Et en resserrant ses prix de revient en faisant fabriquer par Peugeot le remarquable nouveau moteur conçu par ses ingénieurs.
BMW veut faire de Mini une marque à part entière
De notre envoyé spécial à Zandvoort (Pays-Bas) Jacques Chevalier.
Publié le 02 août 2006
Réinventée par BMW, la célèbre voiture anglaise n'a rien renié de ses gènes. Reste à décliner la Mini avec cette fois un éventail complet de modèles.
NOUVELLE, pas nouvelle ? Le pas de deux qu'entame BMW autour de sa dernière-née sous la marque Mini, qui sera l'une des vedettes du Mondial de Paris le 30 septembre, témoigne au minimum d'une prudence de Sioux, au pire d'un malaise lié à l'image même que le constructeur souabe veut donner à la légendaire marque anglaise.
Cinq ans après le remake magistralement réussi d'une voiture qui, durant les quarante ans précédents, n'avait guère changé, BMW mesure la chance qu'il a d'avoir touché aussi juste. « L'hypothèse la plus pessimiste envisageait 100 000 voitures produites en six ans et demi et nous en avons finalement fait 800 000 en seulement cinq ans », reconnaît-on chez BMW. Une véritable aubaine pour l'usine anglaise d'Oxford dans un pays où les désillusions en matière de construction automobile ne manquent pas.
Malgré un succès au zénith et des délais de livraisons qui ne se réduisent pas, la Mini change déjà sans pourtant marquer de rupture avec le précédent modèle. « Nous sommes dans une logique similaire à celle de Porsche avec la 911, dit le chef du projet Mini. Il s'agit d'évoluer sans rien révolutionner. »Les clients ne l'admettraient pas en effet et les voitures que nous avons conduites en avant-première, (la nouvelle Mini sera commercialisée le 18 novembre à des prix en hausse de 3 à 5 %) témoignent de cette fidélité.
Une fidélité qui fait néanmoins hésiter BMW, tenté de multiplier les modèles pour créer une vraie gamme sous le label Mini. Et de jouer ainsi une vraie complémentarité avec la gamme plus volumineuse mais tout aussi huppée de BMW. Jusque-là, la seule audace a consisté à sortir un cabriolet il y a deux ans, une relative jeunesse qui le maintiendra sous cette forme au catalogue au moins deux ans encore.
La nouvelle Mini, à peine agrandie au nom de la sécurité et de l'accueil de nouveaux moteurs (voir ci-dessous) sous son capot, aura un jour sa version découverte. Mais le nouveau président du directoire de BMW, Norbert Reithofer, actuellement patron de la production et qui remplacera le 1er septembre Helmut Panke, atteint par la limite d'âge, devrait se montrer plus entreprenant.
Le monospace existe déjà à l'état de prototype
S'il n'est pas question, pour des raisons évidentes de sécurité, de relancer une Mini Moke, le break Countryman a toutes les chances de voir le jour, y compris en version « bois ». Le crime de lèse-majesté pourrait être commis ensuite, avec une version quatre portes de ce break qui ne l'a jamais eue par le passé, voire même d'un SUV tout chemin ou d'une Mini monospace qui existe déjà à l'état de prototype, mais que BMW n'a pas osé lancer. « Porsche est encore un exemple de la façon dont il faut sortir de la monoculture d'un modèle. » Mais voilà, ces évolutions ne doivent surtout pas entamer la cote d'amour de la Mini qui justifie ainsi ses prix très élevés.
L'exemple malheureux de Mercedes avec Smart a en effet douché quelques enthousiasmes à Munich. Impossible en effet pour le constructeur étoilé d'étayer une gamme autour de la Smart Fortwo. Les coupé et roadster, très réussis pourtant, n'ont pas trouvé le public espéré et le pire a été atteint avec la Forfor et la cessation de la production d'une berline jugée pas assez sérieuse par les acheteurs. L'accord calamiteux avec Mitsubishi a achevé ce modèle qui démontre, s'il en était besoin, que rien n'est jamais acquis dans le monde de la Mini.
BMW avance donc méthodiquement mais sûrement en cultivant pour Mini une exclusivité assez extravagante : le standing de ses tarifs. Et en resserrant ses prix de revient en faisant fabriquer par Peugeot le remarquable nouveau moteur conçu par ses ingénieurs.
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