LES LARMES DE MONTLHERY !
Ce week-end à eu lieu, pour la toute dernière fois sur l’autodrome de Montlhéry, le grand prix de l’Age d’Or. Il s’agissait en fait de la dernière manifestation automobile autorisée par l’UTAC sur ce circuit.
L’ambiance de ce der des ders était empreinte de tristesse. Les nuages ont même déversé leur obole de larmes samedi dans la matinée. Cela a été ressenti par beaucoup comme l’expression météorologique de ce qu’ils éprouvaient au fond de leur cœur.
Cette édition a été marquée par une très belle démonstration de « cyclecars », ces voitures des années 20 qui ont vu le jour en même temps que l’autodrome et qui ont concouru sur l’anneau de vitesse. Les Bugatti, Salmson, Amilcar, Bentley et autres avant -guerre ne pouvaient par leur seule présence que rendre encore plus nostalgique ces journées d’adieu. Elles ont fait la gloire du circuit, lui ont donné son histoire liée indubitablement à celle de l’automobile française.
La majorité des pilotes présents voulaient rendre un dernier hommage à Montlhéry et goûter une dernière fois le bonheur de monter le plus haut possible dans l’anneau avant de plonger dans les chicanes. Un plaisir rare pour un pilote, teinter d’une certaine émotion au moment du « décroché » lors de la descente et une admiration de la foule devant la dextérité de certains et la maestria avec laquelle ils mènent « leur machine ».
Le plus émouvant sans nul doute était le salut des pilotes au public lors de leur dernier tour. Une simple main jaillissant au-dessus d’un toit ou un bras levé au-dessus d’un coupe-vent était à la fois un signe d’adieu au circuit, un remerciement à toutes les personnes présentes mais également l’expression d’une parfaite symbiose entre un public et des concurrents vivant la fin d’un mythe. Pour preuve les tonnerres d’applaudissements anormalement vigoureux, beaucoup essayant comme il le pouvait de lutter contre la monter des larmes. Dimanche soir la morosité régnait, frustration, sentiment d’impuissance, espoir de revenir un jour tout se mélangeait. Quelques-uns avant de s’engager dans le tunnel de sortie, étaient pris d’une sorte d’angoisse, se demandant si vraiment ils auraient l’occasion de revenir. J’en ai vu comme pris de faiblesse, restant assis dans leur véhicule, moteur tournant et ne pouvant se résoudre à quitter les lieux. Ils regardaient l’anneau voulant graver à jamais l’image dans leur esprit. D’autres n’ont pas hésité à sauter par dessus des barrières une fois les courses terminées, pour fouler la piste et s’imprégner d’une sorte d’ivresse et de recueillement à être là où tant de bolides se sont affrontés. Il y en aura pour juger puéril ce genre d’attitude mais n’est-ce pas là plutôt l’expression d’un refus que l’histoire de ce circuit s’arrête ?
L’Age d’Or, une grande fête automobile dont la magie était due à l’autodrome et sa configuration, continuera certes mais l’ambiance ne pourra être la même. Nombreux sont ceux qui en veulent à l’organisateur d’avoir muselé plusieurs personnes voulant dénoncer la fermeture du circuit. Peur de représailles de la part de l’UTAC ? Oui sûrement ! Nous sommes dans une « République », nous prônons la Liberté, l’Egalité et la Fraternité mais nous devons absolument rester « politiquement correct » et ne rien dire qui puisse déranger les « forces » en place. La liberté de paroles a été bafouée ce week-end, l’égalité n’était pas la même pour tout le monde, des journalistes se sont vus déconseillé des interviews avec certaines personnes jugées dérangeantes ! La fraternité elle, était heureusement présente et palpable parmi tous les défenseurs du circuit. Il semblerait que la Fondation O’Born est recueillie encore ce week-end un nombre impressionnant de signatures pour tenter de sauver l’autodrome. Il y avait jusqu’à 15mn de queue pour apposer sa signature sur la pétition ! Plus de 15000 personnes de toutes nationalités se sentent impliquées depuis un an dans la lutte contre cette fermeture. Puissent les pouvoirs publics et tout particulièrement le ministère de la culture prendre conscience que l’autodrome de Montlhéry ce n’est pas seulement un endroit pour faire « joujou » avec sa voiture mais bel et bien un lieu qui appartient au patrimoine culturel automobile que l’on se doit de préserver en continuant de le faire vivre.
J’ai piloté à Montlhéry, j’ai fait parti du public, je ne peux me résoudre à sa fermeture !
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